"N'est pas discipliné un individu rendu artificiellement silencieux et immobile comme un paralytique. C'est un individu anéanti, non discipliné.
Nous appelons discipliné un individu qui est maître de lui et qui peut, par conséquent, disposer de lui-même, ou suivre une règle de vie.
Cette discipline active n'est pas facile à obtenir; mais elle tient en elle un principe élevé d'éducation; c'est bien autre chose que la condamnation à l'immobilité" (*)
Voici quelques points que j’ai pu aborder lors de ma formation.
Je remercie encore une fois ma formatrice Joëlle Viller de Grandir et Vivre pour avoir été jusque dans les détails sur ce sujet, toujours aussi préoccupant pour nous les enseignants.
Pour Maria Montessori, l’éducateur n’est pas celui qui a le pouvoir mais celui qui est capable de créer une ambiance d’écoute, de sécurité et de bien-être.
Pour qu’un enfant devienne le disciple d’un référent, il doit avoir envie de le suivre, cela doit venir de son propre gré. L’éducateur doit donc être bienveillant à son égard. C’est la relation harmonieuse qu’a l’enseignant avec l’enfant qui permet à celui-ci de se discipliner.
Principes de base de l’enseignement en classe Montessori :
Ils sont identiques à ceux d'une classe classique :
- Les exigences (ou règles de vie) doivent être posées rapidement et clairement expliquées aux enfants.
- L'éducateur doit être ferme et constant.
- L’enseignant aide l’enfant dans la réparation : il l’accompagne lorsqu’il doit s’excuser après d’un camarade, l’aide à ranger le matériel… (surtout avec les plus petits).
Quelques points fondamentaux dans les classes Montessori :
- L’éducateur ne crie jamais.
- Il soutient l’enfant, il accueille ses pleurs et ne l’abandonne jamais.
- Il ne dit pas « non » mais plutôt « stop, arrête ». Il garde le non pour les situations dangereuses.
- Il reste calme afin de pouvoir canaliser l’enfant.
Le dialogue pour gérer une situation difficile
Il est important de prendre le temps de dire les choses de manière calme. L'idéal étant de mener la discussion en "suivant" les trois phases suivantes :
« Je vois que tu ... » « je constate que … »
« Quand tu fais cela, je ressens ça ... j’ai peur que … »
Il faut toujours expliquer pourquoi.
« Tu peux faire ça comme ça ? » « Je te demande de venir dès que… »
Ou je demande à l’enfant (pour les plus grands) de trouver lui-même une alternative…
Dans ce genre de dialogue il est important d’utiliser « je », en effet, je constate, je ressens cela et je souhaite que ce soit ainsi …
Que faire face à un enfant qui ne se met pas au travail lors des ateliers autonomes ?
Dans un premier temps (quelques minutes) : rien. L'enfant a le droit de ne pas savoir quelle activité il souhaite travailler. Il faut le laisser vaquer devant le matériel. Comme celui-ci est attractif (une des forces du matériel Montessori) il est fort à parier qu'il finira par en choisir un.
Si toutefois, il n'arrive pas à se fixer sur un travail, c'est à l'éducateur de lui faire des propositions en parcourant, avec lui, les différentes étagères où sont rangés les matériels (on ne propose, à ce moment, que du matériel déjà présenté).
En classe :
Il est évident qu’une telle pratique de dialogue dans tous les moments de conflits en classe et le fait de ne jamais crier constituent un réel défi pour chaque enseignant. Mais, ce n’est pas si difficile si l’on accepte de prendre du temps. En effet, cela demande de consacrer davantage de temps à chaque enfant, ainsi qu'à soi même pour essayer de comprendre ses propres réactions face à telle ou telle situation.
Dans ma classe :
Les règles de vie :
Elles seront peu nombreuses car mes futurs élèves (de CE1) les connaissent déjà depuis les 4 ans. Voici celles que j'instaurerai dans ma classe :
- Je parle doucement
- Je demande la parole en levant le doigt
- Je range le matériel
- Je range ma chaise lorsque je me lève
- Je me déplace lentement
- Je fais le tour des tapis
Chaque exigence sera affichée en classe, avec un petit dessin l'accompagnant pour mes élèves non lecteurs. J'utiliserai pour cela les visuels obtenus lors de ma formation que j'ai colorisés.
Trois autres exigences relatives au matériel seront expliquées aux enfants (mais ne feront pas l'objet d'une affiche) :
- On ne peut se servir que du matériel qui a déjà été présenté.
- On doit manipuler le matériel avec délicatesse.
- On ne peut détourner le matériel.
Je n'aborderai pas le point de la violence dans les exigences. Je ne veux pas que ce soit écrit ou dessiné, je trouve que cela ne rend pas l'environnement serein. Par contre, je mettrai en place la chaise de réflexion.
La chaise de la réflexion :
C'est un endroit qui a des limites géographiques (cela aide l'enfant à se contenir dans ses moments de violence). L'enfant est invité à s'y assoir afin de réfléchir à son comportement en classe, quand il n'est pas acceptable : violence, cris, course dans la classe...
Ce coin sera à un endroit bien précis dans ma classe (je mettrai des photos à la rentrée) afin que je puisse m'y rendre facilement et rapidement.
Lorsqu'un enfant est sur la chaise de réflexion, il faut lui laisser du temps pour se poser. Après quelques minutes, il est important d'aller le voir pour lui demander s'il a choisi de ne plus taper, de ne plus crier... si non, il reste sur la chaise.
Il faut être ferme sur ce point.
Bavardages :
Notre gros point noir, en école classique, c'est le bavardage des élèves. Mais, si l'on observe un peu plus les élèves en classe on s'aperçoit que la plupart du temps les bavardages sont dus à un manque de l'enseignant (bien souvent à cause de notre manque de temps!) : l'enfant a fini son travail et ne sait pas quoi faire, il n'a pas compris la consigne, il a quelque chose à dire tout de suite et ne peut plus se concentrer car cette pensée prend toute son énergie...
Je suis fermement convaincue que le travail en atelier autonomes peut palier à tous ces manques : en effet, si le matériel est toujours à disposition de l'enfant, celui-ci a toujours du travail à faire, il n'a donc pas le temps de bavarder. Comme le matériel est présenté à l'enfant juste quand il est capable de le comprendre et de l'utiliser, il n'est jamais en situation d'échec et d'incompréhension. Si toutefois l'enfant montre des difficultés dans la réalisation du travail, l'enseignant peut refaire une présentation individuelle lors des ateliers, ce qui permet à l'enfant de mobiliser toute sa pensée et son corps (bien plus qu'en atelier à plusieurs enfants).
Enfin, pour ce qui est des besoins de parler à un camarade, je proposerai, comme je l'avais déjà mentionné dans ce billet là, le tapis de la discussion.
"C'est là le point de départ nécessaire pour la discipline : c'est aussi le moment le plus fatiguant pour la maîtresse. La première notion que doit acquérir les enfants pour que la discipline soit active, c'est la notion du bien et du mal ; et le devoir de l'éducatrice d'empêcher l'enfant de confondre le bien avec l'immobilité et le mal avec l'activité [...].
Notre but est de discipliner l'activité, non pas d'immobiliser l'enfant et de le rendre passif." (*)
Systèmes de gestion du comportement :
"[...] j'avais cru, moi aussi que, pour obtenir de l'enfant un effort de travail et de sagesse, il était nécessaire d'encourager ses sentiments les plus bas : la gourmandise, la vanité, l'amour-propre, au moyen d'un récompense extérieure. Je fus donc stupéfaite en constatant que l'enfant à qui il est permeis de s'élever perd ses bas instincts." (*)
Comme bien des enseignants, j'avais, les années précédentes, des systèmes dits de gestion du comportement : avec des sanctions et des récompenses. Je n'en aurai plus dans la mesure où les élèves devraient rentrer dans une dynamique de travail autonome (donc leurs récompenses seront leurs propres réussites et leur sanction sera de ne plus pouvoir travailler, ou dans les cas extrêmes d'aller sur la chaise de réflexion).
Et en dehors de la classe ?
"On peut donc ordonner les enfants en les installant à leur place, et on peut leur en faire comprendre la signification de façon à leur faire assimiler un principe d'ordre collectif [...]" (*)
Quand nous sortirons de la classe, je procèderai comme je l'ai toujours fait : les enfants doivent être correctement rangés et dans le calme. Je n'exige pas le silence mais je veux que les enfants parlent doucement pour ne pas déranger les collègues, je n'exige pas d'eux d'être de petits robots mais ils doivent rester en rang par deux pour permettre les croisements dans les couloirs (je suis dans une grosse école).
Si vous avez d'autres suggestions sur ce sujet, n'hésitez pas à m'en faire part car c'est bien là le centre de mes préoccupations d'enseignante!
(*) Pédagogie scientifique -Tome 1 - Maria Montessori